Edito Mars 2016
Chers amis,
Chers amis,
Vous savez peut-être que l’Orient et l’Occident chrétiens ne célèbrent pas toujours Pâques à la même date, en vertu des subtilités calendaires dont nos Églises ont le secret. On peut légitimement déplorer cette propension à manifester la lumière du Ressuscité en ordre dispersé, à l’heure où notre monde a tant besoin d’un témoignage d’unité. Mais, quelque part, ces deux coutumes ont le mérite de marteler l’inouï du message pascal, comme pour mieux l’imprimer dans nos caboches. J’ai moi-même eu pour voisin un prêtre orthodoxe qui me conviait chaque année dans sa paroisse au moment de Pâques. Ces veillées m’émeuvent. J’aime plus que tout lorsque, après l’interminable liturgie, un inconnu tiré à quatre épingles m’accoste d’une voix tolstoïenne : « Khristos Voskrese ! Voistinu Voskrese ! » Ce qui signifie :«Le Christ est ressuscité ! En vérité il est ressuscité ! » Dans cette petite commu-nauté de tradition slave, la soirée s’achève par de solides agapes qui donnent à la nuit francilienne un air de fête moscovite. Il y a sur les tables des paniers d’œufs peints à la main, que nous dégustons sous les étoiles, comme s’il s’agissait d’accueillir l’éclosion du Christ dans nos vies. Les symboles les plus simples sont souvent les plus beaux. Rien de plus familier qu’un œuf, me direz-vous. On ne va pas en faire tout un plat. Mais il me plaît de croire qu’année après année, la petite lueur de Pâques finira par lézarder mes dernières résistances pour féconder ce qui doit l’être encore. J’ai le droit de rêver, non ? C’est cette expérience que nous avons choisi de vous faire vivre dans une laure des Cévennes, où notre reporter a partagé la joie de deux moines orthodoxes (p. 38-43).
Que vous fêtiez Pâques le 27 mars ou le 1er mai, au fond l’essentiel est ailleurs. Le message de Pâques est universel. Comme un feu dans la nuit. Comme le retour du printemps. Et ces œufs que l’on découvre au petit matin, avec une âme d’enfant.
François-Xavier Maigre
Rédacteur en chef de Panorama
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