En 2022, soyons dérangés
J’avoue qu’en matière de vœux de nouvelle année, je suis assez classique. J’aime en formuler trois : santé, joie et paix. «Et surtout, la santé!» Oui, c’est un vrai cadeau que de pouvoir bouger, penser, échanger sans entrave, pour vivre à 100 % et donner le meilleur de soi-même. Secundo, la joie. Comme le montre notre dossier, elle change le monde, colore nos jours et donne l’élan pour vivre. Enfin, la paix. Paix dans le monde, paix des frères, paix des cœurs. Celle qui permet de reprendre souffle et d’espérer.
En écrivant ce mot «paix», je m’interroge sur l’année qui s’ouvre. Depuis presque deux ans, l’actualité nous a habitués à vivre bousculés. Dans l’incertitude du lendemain, suspendus à la vitalité et aux vagabondages d’un virus. Peut-on donc raisonnablement se souhaiter une année paisible?
À moins que la paix, celle qui nous vient du Christ, ne soit compatible avec une forme d’intranquillité. Jésus lui-même, Prince de la paix, «n’a pas d’endroit où reposer la tête» (Mt8,20). D’ailleurs, ne nous envoie-t-il pas vivre dans le monde, au risque d’être bousculés par la rencontre avec l’autre et de déplacer notre regard? La paix du Christ ne va pas sans cette petite dose d’intranquillité, qui laisse la place à l’imprévu et –attention!– peut même ouvrir le passage à la grâce.
Aux premiers jours de l’an neuf, j’emprunte les mots de la théologienne Marion Muller-Colard pour vous souhaiter de «vivre la grâce de savoir être dérangés». Belle et bonne année, chers lecteurs!
Marie-Christine Vidal, rédactrice en chef de Panorama