En vert et contre tout

L’espérance se peint en vert. C’est ce que la tradition nous dit, et l’expert ès couleurs qu’est Michel Pastoureau le confirme dans nos pages. Lorsque notre journaliste lui a demandé quelle couleur il associait aux trois vertus cardinales, l’historien n’a pas hésité : blanc pour la foi, rouge pour la charité et vert pour l’espérance. L’herbe fraîche du prochain printemps, la croix verte des pharmacies, le caducée des médecins ont la couleur de l’espérance. Comme les champs où paissent les troupeaux de Bethléem.
Bethléem. Une nuit. Un nouveau-né si petit, nu, fragile, désarmé. Il vient à peine de venir en ce monde mais l’espérance qu’il fait naître est phénoménale. Les anges le savent, eux qui sont dans le secret de Dieu, et ils sont déjà à la fête. Ils ont prévenu les bergers : le Sauveur est né ! Alors les troupeaux ont accouru à la mangeoire où dort l’enfant. Un bébé « de rien du tout », comme la petite Espérance du poète Charles Péguy. « Cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus. C’est elle, cette petite, qui entraîne tout. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera, dans le futur du temps et de l’éternité. »
Ma petite fille Espérance, c’est Jésus. Cette année, chers lecteurs, nous fêterons Noël dans des conditions inédites. Quelles qu’elles soient, fermez les yeux un instant et remémorez-vous l’évangile de la Nativité. Courez vers la mangeoire à la suite des bergers. Et, surtout, n’oubliez pas les couleurs ! En suivant les conseils de Michel Pastoureau, je vois Jésus en bleu, la lumière de la gloire du Seigneur en jaune. Bleu et jaune, ça donne… le vert de l’espérance. Que l’enfant de la crèche vous apporte la paix, la joie et l’espérance ! Joyeux Noël à chacun !

Marie-Christine Vidal, rédactrice en chef de Panorama