Le rayon de lumière
Rencontrer Gad Elmaleh ! C’est un des privilèges de notre métier de journaliste : la rencontre rendue possible, même quand elle est a priori impensable. Objectif : mettre l’acteur à l’aise, tout en entrant vite dans le vif du sujet. Il m’accueille chaleureusement – non, il n’a pas la grosse tête – et je lance illico la conversation sur le mot hébreu « gad ». Lequel, selon de rapides recherches sur Internet, signifie « chance ». Gentiment, Gad corrige : plutôt « joie ». Tiens donc, joie… Justement la sensation que j’ai éprouvée en visionnant son film Reste un peu ; une joie inattendue devant cet hommage sincère à la lumière du christianisme. Une star attirée par l’étoile.
Période oblige, j’ose le lien entre l’artiste venu du Maroc et les mages venus d’Orient. Ces hommes, quand ils virent l’étoile, « se réjouirent d’une très grande joie », selon l’évangile de Matthieu. Puisque l’étymologie s’invite dans ces lignes, jetons un œil du côté du grec, langue de la VO (version originale) du Nouveau Testament. La plume qui transcrit le texte en a ajouté des couches : la joie des mages est « excessivement » grande.
Eh bien, en ce début d’année, je vous souhaite une grande joie. Je veux croire que malgré un horizon flou, malgré les doutes et les peurs que suscite notre monde, vous pouvez être touchés par une joie inattendue. Le pape François assure que la joie « demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout » (extrait du texte intitulé… « La joie de l’Évangile »). D’accord, mais si le rayon de lumière est trop frêle pour passer sous la porte? Où chercher alors cette joie ? « Dans l’espérance », conseille saint Augustin (homélie sur le psaume 148). En 2023, chers lecteurs, espérons et réjouissons-nous. Excessivement!
Marie-Christine Vidal, rédactrice en chef de Panorama