Ma «tout doux» liste
À l’orée de cette année, chers lecteurs, je reprendrais bien à mon compte les vœux que formule dans nos pages la journaliste Léa Salamé: que cette année vous soit douce! Ces vœux, je les formule pour le monde: oh, si les attentats, les guerres et les violences de tout poil pouvaient laisser la place à la douceur… Ces vœux, je les formule aussi pour nous, pour notre vie de tous les jours. Que nous puissions rencontrer qui bon nous semble, respirer démasqués, vivre des retrouvailles familiales, voyager sereinement, marcher loin, et tout cela… tout doux!
Serait-ce un souhait de Bisounours? Non… à moins de considérer Jésus comme le roi des Bisounours. Le prophète Isaïe l’annonçait ainsi: «Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors»; les évangiles le disent «doux et humble de cœur»; lui-même proclame: «Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.» La Terre promise, terre du Royaume, terre de paix est donc offerte aux doux? C’est tentant… Mais comment être doux? Il est si facile de croire qu’être doux, c’est être mou. Et si l’on regardait Jésus? Certes, il renverse les cœurs mais il renverse aussi les tables, celles des marchands du Temple. Sa parole réconforte mais peut aussi se montrer «tranchante», voire «à double tranchant», comme le suggère frère Romaric, du fin fond de son monastère de Tchéquie.
Tout l’enjeu est de tenir l’équilibre entre douceur et fermeté. Et si, de cette harmonie, naissait la vraie puissance? «Rien n’est aussi fort que la douceur. Rien n’est aussi doux que la force véritable.» Ces mots ne sont pas de Jésus, mais de saint François de Sales, le saint patron des journalistes. Sous son regard, je souhaite à chacun d’entre vous 365 jours de douceur.
Marie-Christine Vidal, rédactrice en chef de Panorama