Rendez-vous à l’intérieur
“Fais-toi capacité, je me ferai torrent.» C’est ce que Jésus a dit à Catherine. Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) a rapporté cette perle d’un dialogue avec le Très-Haut. Six siècles et demi plus tard –il y a quelques jours–, j’ai rencontré, au cœur de la campagne belge, sœur Barbara, moniale orthodoxe, qui fait elle aussi sien cet appel du Christ. Et nous, chers lecteurs? Prêts à nous faire capacité? À tout mettre en œuvre pour abattre les digues de nos barrages, pour que «ça» coule à flots?
En tout cas, l’idée, en plein Carême, tombe à pic. Encore faut-il avoir les capacités pour se faire… capacité. Sur le papier, cela semble simple: il «suffit» de faire le vide. De jeûner. Jeûner de tout ce qui est l’extérieur : les voix, le bruit, la fureur, la mondanité, les apparences. Faire le vide pour laisser de la place, à l’intérieur. Notre rendez-vous de Carême n’est pas ailleurs: il est à l’intérieur, dans le silence, avec nous-mêmes. Dans notre «cellule intérieure», comme l’appelait Catherine, la jeune religieuse italienne du Moyen Âge. C’est en ce lieu de la connaissance de soi-même que l’on trouve celui qui nous a faits à son image et à sa ressemblance. Vous voyez qui je veux dire? Maurice Zundel, prêtre suisse du XXe siècle, l’affirmera avec ses mots: Dieu «est celui que nous rencontrons dès que nous nous rencontrons vraiment nous-mêmes: comme le cœur de notre intimité».
Marie-Christine Vidal, rédactrice en chef de Panorama