Frère Jean, Marc-Alain Ouaknin, sœur Dominique, Jean Cocteau. Voici quatre de nos invités du mois: un moine orthodoxe, un rabbin, une dominicaine et un artiste tenaillé par Dieu. Le premier aime les fleurs; il les photographie toutes, des plus communes aux plus complexes, du pissenlit au lys. Le deuxième aime la nature ; il se ressource autour de l’étang de Mézières-Écluzelles, près de chez lui, en Eure-et-Loir, où il échange avec les cygnes. La troisième aime les herbes aromatiques ; elle cultive le romarin, la verveine ou le lavandin. Le dernier aime les plantes médicinales ; il a peint les murs de sa dernière demeure, à Milly-la-Forêt (Essonne), de majestueux spécimens. Ainsi donc, tous consonent avec le pape François qui, dans sa célèbre encyclique Laudato si’, publiée il y a cinq ans, souligne: «Dieu a écrit un beau livre “dont les lettres sont représentées par la multitude des créatures présentes dans l’univers”» (paragraphe no 85). «Même les fleurs des champs et les oiseaux qu’émerveillé [Jésus] a contemplés de ses yeux humains sont maintenant remplis de sa présence lumineuse», poursuit le pape (Laudato si’, paragraphe no 100). Ce n’est donc pas un hasard, chers lecteurs, si, au mois de novembre, nous fleurissons les tombes de nos proches. La tradition veut que nous choisissions la plus belle des fleurs de l’automne, la plus vivace, la plus vivante: le chrysanthème. Le 1er novembre, jour de la fête de tous les saints –vivants ou morts– réunis en Dieu par la foi, il pare déjà les cimetières de son éclat (le mot, en grec, signifie «petite fleur d’or»). Le lendemain, pour la fête des morts, ces bouquets colorés disent que même dans ces lieux, la vie continuera. Dans la présence lumineuse de Jésus et des saints.
Marie-Christine Vidal, rédactrice en chef de Panorama