Vaut le détour
Enfin, je connais Venise! Bien qu’ayant sillonné le globe, je n’avais jamais foulé les pavés de la Sérénissime, les pontons des vaporetti, les sols somptueux de la basilique Saint-Marc et les ponts à foison. Mais mon vrai plaisir fut de me perdre. De me balader sans carte et de m’engager dans des ruelles éloignées du grouillement des foules. Au fil de ces détours, j’ai ainsi croisé deux Vénitiens discutant en patois sur le seuil de leur porte, observé le ballet (et le balai) des éboueurs en brouette, ou découvert, en levant les yeux, une vue inédite sur un campanile baroque émergeant au-dessus d’un fil à linge. Et vive l’inattendu!
Les pages estivales que nous vous avons concoctées, chers lecteurs, foisonnent de détours. Au programme, Venise, toujours, avec sainte Joséphine Bakhita. À moins que vous ne préfériez Lisbonne, dans les pas de trois jeunes «jmjistes» girondins. Et pourquoi pas la Provence, avec Henri Matisse, ou les Vosges, avec des clowns en herbe? Et je vous promets, au-dessus du fil à linge, bien d’autres surprises. Je me permets un dernier petit tour par le pays de Madiane. Où l’on lit que, pour observer le buisson ardent (livre de l’Exode, chapitre 3), Moïse a fait… un détour, qui lui valut, tout simplement, de voir Dieu se révéler à lui. Alors je vous souhaite, chers lecteurs, un été de détours. Convaincue, comme le soulignent les nez rouges de ce numéro, que «ce qui arrive est plus important que ce qui est prévu».
Marie-Christine Vidal, rédactrice en chef de Panorama