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À TABLE !

Les délices de la convivialité


TEXTE : CLAIRE BASTIER
ILLUSTRATIONS : LÉA TAILLEFERT POUR PANORAMA

L’été, les journées sont longues et les repas aussi… Mettons les pieds sous la table le temps d’un dossier. Prenons le temps de déguster les saveurs, de humer les odeurs, d’admirer les mille couleurs de ce rendez-vous qui rythme nos vies, lieu de la rencontre dans ce qu’elle a de plus universel.

« Sur les toiles cirées des tables de jardin, des abeilles pèlerinent. Les  taches  de  vin  sucré  sont  pour elles un festin. Passe un enfant. Il prend un verre, le lève au-dessus de l’abeille à sa dévotion de nourriture, l’abat sur la table : voilà l’abeille captive d’une paroi qu’elle ne comprend pas, le long de laquelle, en vain, elle remonte.  » La scène décrite par le poète Christian Bobin dans La Nuit du cœur (2018) devrait être familière à plus d’un lecteur.  Elle m’évoque une fin de déjeuner d’été : j’imagine les gouttes de vin sur la toile cirée et, pourquoi  pas, la dernière part d’une tarte aux abricots ou les peaux de melon sur une assiette, attirant les insectes à l’affût d’une note sucrée.

Au début du repas, quelqu’un aura claironné d’une voix forte : « À table! » Cri de mobilisation des troupes dispersées dans la maison ou le jardin, ces deux mots sont la promesse d’un moment de réconfort autour d’une table dressée et bientôt garnie. Dans l’enfance, cette injonction est associée à la voix maternelle. Plus tard, d’autres figures du cercle amical ou familial pourront la prononcer. Malgré  les changements d’époque, de génération et de modes de vie, l’appel à table se perpétue.

[…]

Le repas nous raconte. Il révèle nos règles de civilité, notre hiérarchie sociale et, notamment en France, notre goût pour la « commensalité », c’est-à-dire le fait de partager un repas.