«Dieu n’est pas confortable !»
Texte : Marilyne Chaumont
Photos : Marilyne Chaumont pour Panorama
Martin Steffens n’a pas le regard froncé par le sérieux de la question philosophique. Ni brouillé par le crachin du mal, de la souffrance et de la mort. Penseur catholique brillant, il ouvre des pistes pour habiter une époque dont l’humain, peu à peu, s’éclipse.
Éclairant, à l’heure de la révision de la loi de bioéthique.
Le titre du livre que vous venez de coécrire, Et si c’était la fin d’un monde…, a des accents prophétiques. Vous sentez-vous de la famille des prophètes ?
Je n’oserais pas ! Et pourtant cette question me touche… Avec deux amis, nous avons aussi publié récemment un Dictionnaire paradoxal de la philosophie (1). J’ai beaucoup insisté pour qu’il y ait une entrée « Prophète ». Je me sens proche de ces hommes qui vivent, dans leur chair, la contradiction. Car ils parlent haut et fort sur les places publiques et, en même temps, comme Jonas, comme Jérémie avec ses jérémiades, ils se plaignent d’avoir à le faire. Il n’y a chez eux aucun plaisir à annoncer qu’on a oublié l’essentiel et que cela a des conséquences. Le prophète est traité par son propre peuple comme un étranger, justement parce qu’il dit à la communauté qu’elle s’est perdue en chemin. J’entends parfois dire : « C’est tellement simple d’avoir la foi. » Mais non, c’est tellement plus simple quand on nous laisse tranquille ! Quand on nous laisse croire que le sommet de la journée, c’est l’apéro à 19 h 30. L’apéro plutôt qu’autre chose, qui m’oblige à penser, à parler, à aller là où je n’ai pas toujours envie d’aller…
Ce qui frappe à travers vos livres, c’est votre capacité d’émerveillement et d’accueil de la vie telle qu’elle est donnée. Avez-vous toujours été comme ça ?
Quand mes enfants ont le regard dans le vide, ma mère me dit : « Toi aussi tu étais comme ça ! » Dans la cour de récréation, je regardais les autres enfants jouer, tomber, se sauter dessus. Comme en dehors de la pièce. Sans doute cette distance m’ouvrait-elle déjà à la contemplation.
Votre conversion à 25 ans, en pleine année d’agrégation de philosophie, a-t-elle transformé radicalement votre regard ?
Juste avant ma conversion, mon regard était une meurtrière : ma cible, c’était les choses à réussir, le souci d’exister auprès des autres. Tout cela est tombé. Tout à coup, le champ de mon regard s’est fait beaucoup plus large. Pendant un an, au moment où je préparais l’agrégation, je laissais tout venir à moi. Je percevais enfin la beauté du monde, sa gratuité, la force des liens invisibles entre les hommes. Je me disais : « Le bien est bel et bien là. Discret, tandis que le mal est tapageur. Mais si le monde tient, c’est qu’il y a plus de bien que de mal. » Ce n’est pas anodin si mon premier essai est le Petit traité de la joie. Le Seigneur m’a eu par la joie !
Quel scientifique chrétien vous inspire ?
Le Père Mersenne, qui a vécu au XVIIe siècle. Il a été en son temps un scientifique parmi les meilleurs du monde. Newton, Leibniz, Gauss, Riemann, Euler ont tous été des chrétiens convaincus. Einstein, lui, disait volontiers croire « au Dieu de Spinoza », mais il n’était pas croyant au sens de l’Église.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
La foi, c’est aussi une façon de faire mémoire. Dans les combats, qui parfois m’usent, je tâche de demeurer fidèle à cette évidence, qui m’a prise un jour : la vie est un don, et le fond de l’être est bon.
Des auteurs vous ont aidé
à dépoussiérer votre regard…
L’année de ma conversion, c’était surtout Leibniz (1646-1716). J’ai une dette envers ce philosophe ! Pour lui, Dieu a fait quelque chose d’extraordinaire en créant l’univers. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de défauts. C’est sûr que le monde résiste, comme une matière résiste à un artiste. Si Dieu a vraiment créé le monde, il faut bien que ce monde ait sa consistance propre ! Mais Leibniz nous apprend à admirer comment, avec ce monde créé qui n’est pas tout rose, Dieu compose le meilleur.
N’est-ce pas un peu naïf ? En lisant Et si c’était la fin d’un monde…,
on découvre ce qui se trame parfois dans les laboratoires…
Dans la Genèse, après que Dieu a créé le monde et vu que « cela était très bon », il se repose. Il entre dans le silence. C’est-à-dire qu’il laisse à la Création une marge pour exister. Pour le meilleur et parfois, vous avez raison, pour le pire. Mais ce pire-là n’empêche pas que Dieu bénira jusqu’au bout cette Création. Il l’a promis, il recueillera tout ce qui est beau et bon. Jésus nous invite à regarder non le mal qu’il faudrait arracher, mais le bien qu’on peut toujours ajouter à cette histoire et qui ne se perdra pas. Même si ce bien est discret et n’existe que dans le secret. Dans ses bras ouverts sur la Croix, Jésus a tout pris, même les péchés de nos temps actuels. Ce monde dans ce qu’il a de post-humain, Dieu le pleure, oui. J’en souffre aussi, mais je continue à être dans le « oui » à tout ce qui est beau. Il nous faut rester attentifs aux ruses de Dieu dans ce monde qui voudrait éliminer l’imprévu. Même fabriqués en laboratoire, les enfants continueront de naître, et toute naissance est une bonne nouvelle ! Et puis ces enfants persisteront à être absolument pas comme les parents voudraient qu’ils soient, même s’ils ont les yeux de la couleur qu’on a choisie pour eux.
Mais de plus en plus
de limites sont franchies…
Dans le silence général, le Japon vient d’autoriser les expérimentations en vue de créer des hybrides humains-animaux. La philosophe allemande Hannah Arendt (1906-1975) le disait : « La maxime secrète du totalitarisme, c’est que tout est possible. » Produire la vie en laboratoire, fusionner notre ADN avec celui de poules, créer des rats avec des oreilles humaines : on s’interdit de penser que c’est possible, mais c’est aujourd’hui réalisé. Nous sommes dans une civilisation qui ne croit plus aux limites. Cette vie en apesanteur, abstraite, est rendue possible parce qu’on ne cultive plus la terre. On parle et notre téléphone s’active. On ne fait même plus tourner la clé pour démarrer sa voiture. On ignore tout de son moteur. Pourtant, on ne peut pas plus tricher avec un moteur qu’avec une salade. Mon voisin m’a dit qu’il suffisait d’utiliser du savon noir pour se débarrasser des chenilles blanches. J’en ai mis, mais trop, et ça a tout tué. On ne peut pas tout faire.
Plus je vais loin, plus je vais vite, mieux je vis. Et comme j’ai un « droit à être heureux », plus rien ne saurait m’être refusé. Comment sortir de cet engrenage ?
Par l’acceptation du temps. Là encore, le travail de la terre nous l’enseigne. Il y a tout un monde entre ce qu’on sème et ce qu’on va recevoir. Même l’acte de semer n’a rien à voir avec le fait de réussir à faire pousser. La pousse ne dépend plus de nous. Il faut attendre. J’aime distinguer satisfaction et exaucement. La satisfaction ? Il ne suffit que de nous pour nous la donner… Comme l’achat compulsif, par exemple. Cela ne nous rend pas vraiment heureux. L’exaucement ? Il s’agit d’accepter d’entrer dans le temps d’un autre : dans le temps de la terre quand on a semé, dans le temps de Dieu quand on lui a confié notre demande. Le secret pour cesser de vouloir toujours plus, ce serait surtout de comprendre que la somme de bonheur est à peu près la même pour toute vie. Une vie qui a le désavantage d’être courte a souvent l’avantage d’être intense. De même, ce qu’on gagne en gloire, on le perd en intimité. Si j’ai la chance de voyager sans cesse, je n’ai pas les douceurs de l’enracinement… et inversement ! Si je suis riche, j’ai aussi de lourdes responsabilités. Le bonheur n’est donc pas ce qu’on obtient pour être heureux. Le bonheur, c’est notre vie, telle qu’elle est, et sachant qu’elle ne peut pas tout être. Le bonheur, c’est la conscience qu’on en a.
Consentir à exister, malgré l’immobilité, la faiblesse, la maladie. C’est votre leitmotiv…
On pense aujourd’hui sa vie comme un projet qu’il faudrait mener à bien. Mais dans l’idée de projet, on n’atteint que soi-même : on se jette devant soi – « pro-jet » – et l’on se rejoint soi-même dans l’idée qu’on se fait de soi. La vie est moins un « projet » qu’un « projectile », et heureusement ! Elle est quelque chose qui nous vient de plus loin et qui nous veut accueillant, courageux, joyeux et plein d’humour. La vie n’est pas un droit, qui nous est dû. Elle est un événement, une surprise. « Heureux les pauvres ! »
Pourquoi dites-vous cela ?
Je crois qu’« Heureux les pauvres ! » sonne très fort aujourd’hui, comme une prophétie. Car les pauvres, eux, continueront de ne pas avoir les moyens de choisir leurs enfants. Ils seront condamnés à l’accueil des enfants qu’ils ont, c’est-à-dire à la grâce. Heureux les pauvres, parce qu’ils nous permettent vraiment de constater que le bonheur, ce n’est pas ce qu’on se fabrique, désespérément. Que le bonheur c’est, comme on le disait, la conscience qu’on en a et qu’à force de vouloir maximiser le bonheur, on s’épuise. Le philosophe italien contemporain Giorgio Agamben a cette belle définition : être pauvre, c’est « se tenir en relation avec un inappropriable », c’est-à-dire avec quelque chose qu’on ne peut pas posséder, qu’on peut seulement accueillir.
Concrètement, y a-t-il des moments où vous vous sentez « condamné à l’accueil » ?
Tout le temps ! Je trouve qu’avec des enfants, on est en permanence dans l’accueil. On fait le programme de sa journée. Littéralement, on l’écrit par avance : « pro-gramme ». Mais ils sont là, avec leurs questions, leurs bobos, leur envie de partager. L’enfant rend chaque journée moins efficace et plus offerte. Tu comptais faire une journée à ta petite mesure ? Non, car il te manque une côte. Tu ne te suffis pas à toi-même. Tu es fait pour l’autre. Cette année, j’ai dû annuler une belle conférence pour une visite d’appartement, cruciale mais qui n’a finalement pas eu lieu. J’ai donc annulé… pour rien ! Je me suis dit : « Quitte à être là, autant aller chercher mes enfants à l’école. » Or, ce jour-là, sur le chemin du retour, ma fille m’a confié quelque chose qu’elle avait sur le cœur. Il fallait que je sois là. La présence ne peut être offerte que dans une radicale pauvreté. J’étais resté à la maison pour rien. Et ce rien permettait autre chose d’imprévu. Il faut programmer sa journée, mais renoncer à la vivre comme un programme.
Or, de nos jours, on a l’impression que tout doit se conformer à un programme…
Aujourd’hui, dans tous les domaines, on veut des protocoles qui nous permettraient de ne plus jamais nous risquer à la relation. Si celui qui applique la loi n’accepte pas ce risque, s’il se cache derrière des protocoles, il passera à côté de ce qu’il a à vivre. La loi Leonetti de 2005 sur la fin de vie me semble pertinente. C’est une loi qui dit que la loi ne peut pas tout. Que le mieux que l’on puisse faire, dans l’indécision, c’est de discuter, famille et médecins ensemble. Il y a un tragique de la mort qu’aucun protocole ne peut effacer. Le protocole qui indique quand il faut « débrancher » tel malade nous soulagera peut-être du vertige de la décision. Mais il nous aura aussi soulagés de la décision elle-même. C’est-à-dire de notre faculté humaine à prendre le réel à bras-le-corps. On veut nous ôter exactement ce que Jésus est venu nous apporter, c’est-à-dire la pauvreté de Dieu. Dieu s’est fait pauvre pour épouser notre pauvreté, et même pour en rajouter. Jésus se laisse surprendre par le jeune homme riche ou la femme hémorroïsse. Il nous apprend par là que son omniscience est en fait une omniprésence, c’est-à-dire une radicale pauvreté. L’attention est vraiment prêtée quand on accepte de ne pas savoir d’avance ce que l’autre va nous dire !
La loi laisse-t-elle encore de la place
à l’humanité ?
Pas sûr… C’est une tentation fréquente dans l’histoire humaine. Pour moi, la loi ou le dogme sont là pour faire jaillir la question, pour la maintenir ouverte, non pour l’étouffer. Le dogme du Dieu trinitaire n’est pas une réponse toute faite. C’est une invitation au mystère. Or, aujourd’hui, on craint de poser la question. Si une jeune fille me confiait son désir d’avorter, je serais d’abord bien embêté. Puis-je vraiment discuter librement de cela avec elle ? Si, au final, elle gardait l’enfant, on pourrait m’accuser de m’opposer à un droit devenu « sacré ».
C’est la peur de la recherche de la vérité. Les philosophes n’ont donc pas beaucoup d’avenir !
Ou alors ils ont l’avenir de Socrate [condamné à mort, il boit lui-même la ciguë en 399 av. J.-C., ndlr]… C’est pour cela qu’il y aura toujours le martyre. Un certain type de martyre, moins éclatant qu’une condamnation à mort, s’annonce aujourd’hui : accepter de ne plus savoir, dans un monde où tout le monde « sait ». Le martyre de celui qui vient juste poser la question. Qui prend le temps de penser les contradictions. Et qui impatiente les différents « camps du bien » ! La contradiction que je perçois dans le camp de ceux qui, aujourd’hui, sont favorables à l’extension de la PMA [procréation médicalement assistée, ndlr] serait la suivante : vous revendiquez la possibilité d’avoir des enfants selon votre projet, mais vous êtes contraints, au passage, d’abandonner la procréation de ces enfants à des laboratoires. Vous voulez le règne de l’individu libre, mais vous vous soumettez à celui de la technique, qui fait de la procréation une production. Le camp conservateur doit, lui aussi, assumer une contradiction : pour lui, ce qui prime, c’est le droit de l’enfant à avoir un père et de bonnes conditions d’accueil. Mais pour que l’enfant jouisse de ce droit, il lui faut d’abord naître. On ne peut donc, au nom du bien-être de l’enfant, s’opposer à son existence, même fabriquée en laboratoire. D’autant que c’est le même camp qui s’oppose à l’avortement et affirme avec force que toute vie, d’où qu’elle vienne, vaut d’être accueillie.
Interroger, c’est bousculer la morale établie. Ne risque-t-on pas,
ce faisant, « d’ôter » de la morale ?
Le chrétien sait que la vie est plus grande que le discours qu’on tient sur elle. Qu’on ne doit pas réduire quelqu’un à une idée. Récemment, lors de notre déménagement, des voisines amies, deux femmes homosexuelles, nous ont apporté une aide précieuse. C’est d’abord cela, la morale. Non pas un coup de pied accompagné d’une remontrance, mais un coup de main entre voisins, malgré tout désaccord. C’est sûr, le chrétien doit dire la vérité. Il ne peut regarder avec indifférence la disparition des pères. Mais il doit aussi se rappeler que le propre de Dieu, c’est de se faufiler partout. L’enfant que ces amies élèvent est un garçon super. Dieu est le réel le plus profond. Ce n’est pas parce qu’on n’y croit pas, qu’on pense que Dieu n’existe pas, que Dieu ne nous arrive pas. Même si ces femmes ont obtenu un enfant en affirmant que c’est leur droit, ce qu’elles ont reçu, c’est plus qu’un droit : c’est un enfant à accompagner, et qui bouscule, qui pose des questions. Ce n’est pas confortable. Dieu n’est pas confortable !
On a l’impression qu’aucun sujet ne vous fait peur. La souffrance,
la mort, la pornographie, le péril eugénique… N’avez-vous jamais
la tentation de désespérer ?
Je désespère tous les jours ! Mais l’espérance, c’est un resurgissement, une résurrection : « Contra spem in spe » (en français : « Contre tout espoir, dans l’espoir »). La pornographie, c’est tellement triste ! Le regard de ceux qui s’y adonnent est définitivement blessé, de façon massive et rapide. Si l’on regarde les chiffres, il y a de quoi être troublé. Cela oblige finalement à un surcroît de sainteté. L’humanité se fait tellement mal actuellement qu’elle se condamne presque au Christ. Au combat authentiquement spirituel ! À l’origine des Alcooliques anonymes, le psychiatre suisse Carl Gustav Jung (1875-1961) avait constaté une chose : les solutions chimiques ne suffisent pas, la volonté morale est complètement anéantie par l’alcool. Le vrai ressort, c’est le combat spirituel. Le mouvement a rayonné à partir de cette conviction : toutes ces personnes en proie à l’alcoolisme ont besoin de faire appel à Dieu, tel que chacun le conçoit – il s’agissait aussi de toucher les non-chrétiens. Alors, certes, les fronts se multiplient. Quand on était un paysan, qu’on passait quatorze heures aux champs, qu’il n’y avait pas la télévision, on avait peut-être moins le loisir d’avoir des pensées malsaines. On était un peu plus limité dans son péché. Aujourd’hui, on vit dans ce que le philosophe Fabrice Hadjadj appelle le « forfait illimité » : la possibilité continue de sombrer sur Internet. Mais si le combat s’intensifie, est-ce le moment de désespérer ? Au contraire !
Le combat s’intensifie, le mal se déchaîne, c’est une vision presque apocalyptique…
Oui. Nous sommes dans des temps de chute radicale possible, mais c’est vraiment le temps de la miséricorde de Dieu. En proposant, dès le début de son pontificat, une Année de la miséricorde, le pape François a christianisé les chrétiens. La faute n’est jamais heureuse comme telle. Mais, une fois pardonnée, elle ouvre sur plus grand, elle découvre qui est Dieu. (Silence.) Ce que m’a appris le christianisme, c’est la préséance de l’être sur le néant, du bien sur le mal. Le mal a toujours besoin du bien pour le pervertir, mais le bien n’a pas besoin du mal pour exister. C’est lui qui aura le dernier mot.
Notre capacité à tout savoir sur ce qui se passe dans le monde accroît notre angoisse. N’est-ce pas ce qui nous empêche de croire en un avenir plus humain ?
Désespérer de l’avenir est un péché, car c’est ne pas
laisser à Dieu la chance de nous surprendre. On n’a pas le droit de désespérer ! L’écrivain Svetlana Alexievitch montre, dans La Fin de l’homme rouge (2), que le communisme s’est effondré, non pas d’abord institutionnellement, mais dans le cœur des gens. Nous ne pouvons travailler qu’ici : dans notre cœur. Désespérer, avoir le cœur dur, c’est parfait comme ciment pour faire tenir le système en place. Au contraire, si l’homme accepte la profondeur de ce cœur, s’il la creuse toujours plus, ce monde superficiel et froid va s’effondrer de lui-même. Tout ce qui nous fait un cœur tendre prépare l’affaissement des fausses valeurs. Ainsi, lorsque je rends visite à un vieil ami, nous rions de nos petits malheurs. Nous pleurons les plus grands. L’Histoire s’écrit aussi ici, dans les larmes et le rire partagés.
Bio express :
1977
Naissance à Metz (Moselle)
2002
Conversion au catholicisme
2004
Mariage avec Cécile.
Ils ont quatre enfants,
âgés de 13 ans à 1 an.
Depuis 2011
Professeur de philosophie
en khâgne, en lycée public
2013
Prix Humanisme chrétien
pour Petit traité de la joie
2016
Prix des libraires religieux
pour Rien que l’amour
1994
Agrégation de mathématiques
2010
Reçoit la médaille Fields
2013
Entre à l’Institut de France
Juin 2016
Membre de l’Académie pontificale des sciences